Salvador de Bahia ou la douceur de vivre

Publié le par Yolou

Samedi 10 juillet: et rebelote: nouveau lever à 2h du matin pour prendre un avion direction Salvador de Bahia. La nuit fut courte, très courte! En effet, notre hôtel, en plus d'être pourri, se situe pile devant la place où sont regroupés tous les bars et discothèques de la ville. Et le vendredi soir, l'ambiance bat son plein, comme on peut l'imaginer... Et à 2h15, en quittant l'hôtel, la place est encore bondée de jeunes bien imbibés, à peine plus frais que nous! 30 minutes plus tard, aéroport de São Luis: en ce samedi de départ en vacances, l'endroit est saturé de monde. Mais c'est pas possible, personne ne dort la nuit ici?

40 minutes de retard au décollage, une escale à Fortaleza, 1h30 d'attente, un second vol jusqu'à Salvador, 1h30 de bus pour rejoindre le centre-ville, et nous nous écroulons dans notre lit vers 10h du matin! Les voyages, ça forme la jeunesse, paraît-il... Faut croire qu'on se fait vieux alors!

Salvador de Bahia ou la douceur de vivre... Coup de coeur pour cette ville indolente, bourrée de charme: une situation exceptionnelle au bord de l'Atlantique, protégée par la Baie de Tous les Saints, un climat parfait -ciel bleu, grand soleil et petite brise fraîche (bon d'accord, on a aussi eu le droit à la pluie, genre crachin breton, mais là n'est pas la question!)-, une bouffe d'enfer, des plages de sable fin agrémentées de cocotiers, un centre historique magnifique et restauré, des danseurs de capoeira torse nu, etc. Pour palper l'ambiance de Salvador, le meilleur moyen c'est encore de déambuler le dimanche le long du front de mer: c'est LE lieu de rendez-vous de la jeunesse bahianaise. Et ici, l'essentiel est de se « montrer »: le truc consiste à faire son jogging torse nu afin d'exhiber ses pec' impecc', à se balader en moule-bite, à arborer des hauts mini et des jupes extra-courtes afin de mettre en valeur ses gambettes bronzées et sexy, que tous les mecs assis au bord de la plage ne se privent pas de mater allègrement. Bien plus, la mode ici c'est le tanga et le string, assortis à deux minuscules triangles censés cacher les tétons. Résultat: un défilé permanent de créatures de rêve, sur lesquelles il est rigoureusement impossible de ne pas se retourner (celui qui ose prétendre le contraire est un menteur). Car les Bahianaises -et les Bahianais- ont tous des corps absolument parfaits: que du muscle, pas un gramme de cellulite, un teint hâlé et uniforme, etc Jamais vu une telle concentration de fesses rebondies, de seins fièrement dressés, de jambes longilignes et de tailles de guêpe! Autant dire que Lou et moi, on reste sur le cul (c'est le cas de le dire), et ce sujet alimentera près de 80% de nos conversation ces jours-ci. On a d'ailleurs trouvé des explications tout à fait logiques à ce trait bahianais exceptionnel: bon, déjà, tout le monde est Black ici. Forcément, facile d'avoir le teint bronzé; facile aussi de cacher les imperfections de la peau quand on a le teint mat! Pour les fesses, allez, c'est génétique; et pour les seins, c'est soit qu'elles portent des soutifs pigeonnants, soit qu'elles sont passées par la case chirurgie esthétique; quant à la taille de guêpe, Lou ne voit qu'une explication: elles se font enlever les côtes flottantes! Si si, rien que ça! De mauvaise foi, nous? Un peu jaloux? Non...

Mais attention, pas question de faire du top-less ou du « fesses-less », c'est hyper mal vu au Brésil! On peut porter le plus étroit string de la terre, du moment qu'il y a une ficelle, c'est bon ça passe!

Des déesses, alors, les Bahianaises? A première vue, oui. Reste cependant LE détail qui tue -et il est de taille : ces demoiselles ne s'épilent jamais! Et des jambes poilues -parfois comme celles des mecs, sans exagérer!-, ça casse un peu l'ambiance...

Ceci dit, ne croyons pas que nous avons passé simplement quatre jours à regarder tout ce beau monde se pavaner. Non, on a aussi fait des trucs plus sérieux: on a assisté à un rite religieux d'origine africaine: le candomblé.Assez dingue comme cérémonie! Pratiqué par les descendants noirs des esclaves de Bahia, le candomblé est le fruit d'un syncrétisme entre la religion chrétienne et les rites noirs-africains. Longtemps interdit -et donc pratiqué secrètement-, le candomblé est aujourd'hui autorisé. Bien entendu, nous on venait essentiellement pour voir, pas pour pratiquer. Et on a vu! Déjà, pour assister à une telle cérémonie, il faut soit être invité personnellement par un participant -difficile!-, soit passer par une agence. Pour nous ce sera la seconde option, en espérant que le truc ne soit pas une simple mise en scène touristique. Eh bin on a été comblé sur ce point! Notre guide, lui-même pratiquant de cette « religion », nous emmène un soir dans les petites rues d'un quartier populaire, et nous fait pénétrer -pieds nus- dans la maison d'un particulier. C'est là, dans une grande pièce toute blanche, au fond d'une courette, remplie d'autels, de bougies, d'encens, d'offrandes et d'icônes, que nous allons assister à un candomblé « familial » et normalement intime. Nous sommes sommes cinq « étrangers », un peu impressionnés par l'ambiance, assis sur des bancs le long du mur. Le reste c'est une vingtaine de personnes, toutes de blanc vêtues, appartenant pus ou moins à la même famille (élargie). Toutes générations confondues, de la mamie à l'arrière-petit-fils. Les trois heures de cérémonie sont menées par le « pai do santo », une sorte de patriarche maître de cérémonie. Ca commence par des incantations et des litanies, où les membres de 'assemblée, assis par terre, récitent le nom de tous les saints. Ca continue avec des chants, interprétés à tour de rôle par chaque personne dans une langue bizarre, et repris ensuite en choeur. Puis commence la transe proprement dite: les mecs -qui sont essentiellement des nanas, d'ailleurs- se mettent à tourner lentement en cercle en psalmodiant des chants un peu chelou. Très vite, certaines personnes commencent à délirer, à pleurer, à tomber par terre, les gens se donnent de grandes accolades, s'agenouillent, baisent le sol, poussent des cris de bêtes, puis reprennent leur ronde interminable. Le tout sur fond de tam-tam et tambour, à toute patate. Même les mamies centenaires se déchaînent et se laissent emporter par le rythme. Atmosphère carrément intimidante, il faut bien avouer! Au bout d'1h30 de ce manège déboule le patriarche, avec une tête de psychopathe à faire peur, qui fait de grands gestes, saisit quelques personnes et les fait tournebouler à leur déboîter les bras. C'est pour chasser les mauvais esprits, paraît-il! Puis vient l'heure d'invoquer les divinités -les « orixas »-, avant de leur dédier des offrandes: fruits, cigarettes, alcool. Chacun bien sûr a droit à sa petite gorgée de gnôle, mais les nanas qui dansent, elles, se descendent carrément une bouteille chacune, accompagnée de trois ou quatre cigares gros comme des barreaux de chaise! Et puis sur autorisation du patriarche, le « public » peut quitter les lieux, non sans être auparavant passé entre les mains du maître de cérémonie, qui nous offre, en guise d'adieu, un « lavage » spirituel; Lou a d'ailleurs droit à un déboîtage de bras en règle! On ressort de là un peu chamboulés par la ferveur de ces gens, par notre intrusion dans leur intimité et par leur religion joyeuse et originale. Aux antipodes des lugubres messes auxquelles on a le droit en France... Qu'on y croit ou non, le candomblé reste très intéressant d'un point de vue sociologique. Il fait partie intégrante de la culture bahianaise, et c'est une expérience unique à vivre. Ah oui, au fait, pas de photos de la cérémonie, paraît que les esprits n'aiment pas ça...

Dernier jour à Salvador; pour se remettre de nos émotions, on file en bateau de l'autre côté de la baie, sur l'île d'Itacapare. C'est là que se trouvent les plus belles plages, nous a-t-on dit. Faut croire qu'on s'est planté d'endroit parce que notre coin de paradis se situe au même juste au niveau du tuyau de rejet des eaux usées dans la mer. On parviendra quand même à se mouiller un peu plus loin, mais les cailloux et les paquets d'algues abrégeront la baignade. Pour couronner le tout, Lou s'éclate royalement la gueule dans la boue -bobo!-, et peu après s'être posé sur la page, une vague bien plus forte que les autres -une salope, celle-là!- vient tremper toutes nos affaires: sac à dos, livres, fringues, serviettes. Le temps de remonter de quelques mètres pour tout foutre à l'abri, et une seconde vague achève de mouiller ce qui restait de sec. Allez, on n'insiste pas, on dégage! Retour sur Salvador sur une mer houleuse et sous une pluie diluvienne. C'est ce qu'on appelle une journée « poisse »...

Publié dans Brésil

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article